La question de retraites est une question récurrente dans le débat public. Certainement parce que personne n'a vraiment
voulu la traiter jusqu'au bout.
C'est une question complexe, qui touche des sujets sensibles, voire tabous : espérance de vie, vieillesse, pénibilité du
travail.
Mais la façon dont le débat est posé montre l'impasse où mènent les solutions collectivistes. Non, il n'est pas
raisonnable, ni même juste, de demander à ce que chacun travaille le même nombre d'années.
Cela relève de l'évidence : tout le monde n'a pas la même espérance de vie, et celle-ci dépend notamment du métier exercé.
Par
ailleurs, deux individus ayant la même espérance de vie peuvent avoir
des souhaits différents pour leur retraite :
arrêter de travailler plus tôt, quitte à recevoir une pension plus
faible ; cotiser plus pour pouvoir recevoir une pension plus importante
ou travailler moins longtemps... Je ne considère pas
pertinent d'imposer un modèle, que ce soit au nom de la "valeur
travail" ou de la "répartition du travail". Je revendique pour chacun le droit de juger ce qui lui convient.
Faut-il
pour autant mettre en place un système et une administration complexes
pour calculer et prendre en compte ces
différences d'espérance de vie, et offrir le choix entre de
nombreuses formules, souples, pour que chacun puisse faire son choix ?
Pourquoi pas, mais les assureurs disposent déjà des outils pour faire ces calculs. De plus, la concurrence entre eux
permettra à chacun d’obtenir la solution qui est le plus à son avantage, selon ses propres critères.
Une
bonne gestion du risque repose aussi sur une diversification des moyens
employés pour s’assurer un revenu futur. Il
n’est pas très sain de concentrer sur un seul système l’ensemble de
son épargne retraite : pourquoi ne pas laisser chacun répartir cette
épargne entre différents organismes proposant une
retraite par répartition ou par capitalisation. Cela permettra en
outre à chaque personne de gérer la préparation de sa retraite en
fonction de sa sensibilité au risque.
Nous aurons ainsi une infinité de régimes spéciaux : des solutions individuelles, adaptées à la personnalité
et au profil de chacun.
Bien
sûr, ce sujet est aussi particulièrement complexe parce qu’il faut
gérer la transition, l’héritage des décisions du
passé : des millions de personnes ont cotisé pendant des dizaines
d’années, de façon obligatoire, pour financer les pensions des retraités
de l’époque. L’État, via les organisations
paritaires, n’a pas provisionné l’engagement qu’il prenait, en
échange, de verser à l’avenir des retraites à ces cotisants. Il faudra
pourtant bien les verser.
Pour financer cette dépense à laquelle l’État s’est engagé – au moins moralement – sans en assurer le financement, on
peut envisager la mise en place d’un droit de sortie pour ceux qui souhaiteront quitter le système actuel. Ce droit de sortie permettra à la fois de financer les pensions des
retraités actuels et de donner la possibilité à ceux qui le souhaitent de continuer à bénéficier de ce système.